50.
Will n’était pas déçu, bien au contraire. Maggie Bradford était telle qu’il l’avait imaginée en écoutant ses disques, et mieux encore. En outre, bien qu’elle n’ait pas conscience de son charme, il la trouvait très séduisante.
Si une personne pouvait le sauver, c’était bien elle. Très vite, elle devint pour lui une véritable obsession. Il devait absolument la revoir. Il se mit à écouter ses disques en boucle, chez lui aussi bien que dans sa voiture.
Il établit un plan minutieux et commença par écrire à Maggie une longue lettre dans laquelle il sollicitait, non pas une nouvelle entrevue, mais sa compréhension, tout bonnement. Puis, un peu plus tard, il envoya un autre courrier évoquant la désertion de sa mère lorsqu’il était enfant, puis le suicide de son père. Il lui avoua ensuite que ses chansons apaisaient ses blessures et le réconfortaient, et la pria simplement de bien vouloir lui adresser un signe, quel qu’il fût.
Elle ne répondit pas et, comme à son habitude, il se tourna vers d’autres femmes. L’une d’elles eut droit à un sérieux passage à tabac. Rien d’aussi grave qu’à Rio, mais impressionnant tout de même. Le loup-garou de New York.
Puis, un jour, il eut la surprise de recevoir une lettre de Maggie Bradford. Elle lui disait de commencer par apprendre à vivre avec sa souffrance. Il l’appela et lui demanda s’ils pouvaient se revoir une fois, une seule, à New York, juste le temps d’un déjeuner.
Ils se retrouvèrent le 12 novembre à 13 heures au Plaza.
L’Oak Room offrait un cadre aussi rassurant que possible.
Il l’avait soigneusement choisi car, cette fois, il allait conquérir Maggie et ne pouvait envisager d’échouer dans sa tentative.
Il avait tout mis en œuvre pour la séduire, pour arriver à ses fins.
Et, il en avait la conviction, il réussirait.